Plusieurs associent le monde religieux à l’immuable, aux lois et aux règles qui ne bougent pas depuis des millénaires. Il y a effectivement une certaine stabilité dans l’univers de la foi qui peut être confondue de l’extérieur avec de la rigidité et de la «fermeture d’esprit», si l’on me prête l’expression. Or, pour celui ou celle qui plonge sincèrement au cœur de la foi, il est plutôt question de mouvements incessants, de vertiges, devant quelque chose de trop souvent insaisissable et toujours nouveau.
La vie chrétienne donne lieu, tôt ou tard, à des remises en question profondes de notre conception des choses. L’évangile nous fait voir la vie, la souffrance, la mort, les personnes avec un regard toujours nouveau. En fait, les chrétiens sont appelés sans cesse à se convertir. Le mot n’est plus trop à la mode, certes, peut-être parce qu’on lui donne un sens qu’il n’aurait jamais dû avoir. Personne ne se convertit une fois pour toutes. Il n’y a pas des convertis et des non-convertis. La conversion est une disposition libre du cœur qui est à réactiver à chaque instant de sa vie. Rien n’est irrévocable aux yeux de Dieu. Rien n’est impardonnable.
Impossible donc de nous asseoir sur nos lauriers et de nous installer dans le confort de nos convictions pour justifier les petits travers dont nous ne voulons pas vraiment nous défaire. Une personne peut très bien un jour être en révolte profonde contre Dieu, pour toutes sortes de raisons, et découvrir le lendemain que Dieu n’y était pour rien dans le mal qu’elle a subi, bien au contraire. Réduire une personne à un geste qu’elle a posé est précisément ce que Jésus est venu dénoncer chez les pharisiens.
On se trompe souvent. On hésite souvent. À un temps de sa vie, on pense ceci et quelques années plus tard, on pense le contraire. Mais on peut toujours se reprendre, humblement, et changer. Dieu sait cela souvent mieux que nous-mêmes. Il a réellement foi en nous. Mt 21, 28-32
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