Il me semble que nous vivons dans des temps de contradictions. D’une part, on valorise l’ouverture à la diversité sous toutes ses formes et, d’autre part, on est prêt à condamner le premier qui ne pense pas ou n’agit pas exactement comme la majorité. Tout le monde est pour la justice. Mais de quelle justice parle-t-on exactement? Dans notre petit monde bien polarisé et bien-pensant, c’est assez facile de se fabriquer ses propres lois et de se faire sa propre justice.
Le christianisme a beaucoup fait évoluer le concept de justice à travers les âges. Les textes de la bible nous montrent bien cette évolution qui est marquée par une connaissance de plus en plus nette de la justice divine. Nous sommes passés d’une justice de vengeance à une justice de miséricorde. Et l’évangile de ce dimanche nous amène exactement à ce point culminant de la morale chrétienne. « Ne jugez pas » et « Aimez vos ennemis » sont des invitations qui ne peuvent être admises que si nous avons fait cette expérience particulière d’avoir été aimé étant soi-même ennemi. Le pardon et la miséricorde ne se commandent pas, ils sont des dons de l’Esprit de Jésus-Christ qui s’accueillent d’abord personnellement et peuvent se donner ensuite.
Bien des pères de l’Église ont considéré le discours des béatitudes comme l’ADN du christianisme. Être fils ou fille de Dieu, c’est partager un ADN divin dont les pensées sont bien au-dessus de nos pensées; c’est aussi reconnaître que nous n’avons accès qu’à une infime partie de la réalité et que nous jugeons toujours avec cette limite. Car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. Lc 6, 27-38

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