L'Église nous propose de cheminer à travers des temps liturgiques bien distincts qui se succèdent et qui colorent notre rapport à Dieu et aux personnes en insistant sur certains éléments de la vie chrétienne pour mieux nous en faire saisir toute la profondeur. Ainsi chaque nouvelle année liturgique ne commence pas au Jour de l'An comme vous le savez bien, mais avec l'Avent qui précède la fête de Noël de quatre semaines. La naissance du Christ est ensuite célébrée pendant une octave complète et ce temps de Noël prend fin avec l'Épiphanie. Viennent ensuite quelques semaines de "temps ordinaire" avant la période du Carême qui nous conduit à Pâques. Le temps pascal s'étale sur cinquante jours qui nous conduisent à la Pentecôte. Puis, le "temps ordinaire" reprend son cours jusqu'au début d'une nouvelle année.
Mais vous avez peut-être la sensation que cette année-ci est un peu différente. C'est comme si le Carême s'étirait sans fin. La fête de Pâques a été célébrée dans une sobriété quasi funeste. Qu'en sera-t-il de la Pentecôte? Il y a de quoi perdre ses repères. Notre vie humaine est rythmée par les saisons, par les jours et les nuits, par le temps. Nous naissons, nous vivons et nous mourons. Notre espérance est que ce cycle ne se termine pas avec la mort, mais se poursuit au-delà de cette vie, dans l'éternité. La montée de Jésus au ciel, son retour en quelque sorte dans l'éternité, nous aide à réaliser que le paradis ne peut pas être un lieu où plus rien ne bouge ou tout est mis sur pause à jamais, fixé et sans mouvement. L'Église nous promet la vie éternelle, tout le contraire de la mort éternelle qui ne serait rien d'autre que cette absence de mouvement pour toujours.
Pour sortir du Carême, il faut justement espérer et trouver moyen de célébrer la vie. Les conditions de distance que la charité nous impose à l'égard des plus vulnérables ne peuvent pas être maintenues très longtemps sans qu'une mort plus sournoise que celle que la COVID-19 peut provoquer ne s'installe dans nos âmes. Il faut trouver rapidement des moyens de reprendre contact les uns avec les autres, de célébrer la vie et les victoires du Christ sur tant de morts et de renoncements. L'Esprit Saint s'invite dans ce contexte pour nous inspirer sans doute de nouvelles manières de célébrer ensemble. Faute de pouvoir ouvrir tout de suite nos lieux de culte, ouvrons-lui tout grand nos coeurs pour qu'Il vienne le purifier de tout doute et le remplir de foi, d'espérance et de charité.
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