Depuis plusieurs mois déjà, nous avons dû nous soumettre à de nombreuses règles qui sont venues alourdir passablement la quiétude de nos vies, dont celle de se laver les mains fréquemment. On a beau comprendre que toutes ces règles sont prescrites pour nous protéger d’un ennemi meurtrier et invisible de surcroît, nous attendons tous impatiemment que ces restrictions soient choses du passé et que nous soyons enfin libérés de toutes ces contraintes. Les lois nous sont généralement imposées pour un plus grand bien commun, mais il n’est pas toujours si simple de discerner jusqu’où nous pouvons aller pour imposer des limites aux libertés individuelles qui sont définies par des droits universellement reconnus et fondées sur une conception partagée de la nature humaine, du bien et du mal.
À une plus petite échelle, chacun de nous a ses petites exigences dans sa famille, au travail, dans ses relations. Ces exigences deviennent assez rapidement « nos lois » que nous imposons aux autres en échange de l’affection ou de la reconnaissance que nous daignons leur témoigner. Il y a bel et bien un petit tyran qui se cache en nous et qui voudrait bien se soumettre les autres et les faire rentrer dans nos plans. Avoir reçu la foi ne nous immunise curieusement pas contre cet élan de domination sur les autres. Au contraire, il est même assez facile de se croire supérieur aux autres parce qu’on est ponctuel, productif, qu’on ne vole ni ne tue personne. De là à juger les autres, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent, parfois même plutôt gonflés de bonnes intentions.
L’évangile d’aujourd’hui met en scène les disciples de Jésus à qui les pharisiens reprochent de ne pas se laver les mains avant les repas. Sans justifier cette omission sanitaire, le Christ a pourtant dénoncé le cœur accusateur et exigeant des pharisiens. « Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Si, en obéissant à des lois humaines, si justifiées soient-elles, nous méprisons nos frères, les jugeons et nous considérons supérieurs à eux, nous avons rompu l’Alliance la plus importante avec Dieu lui-même et notre cœur est bien mal disposé à accueillir son Esprit d’amour et de miséricorde. Mc 7, 1-8.14-15.21-23
Comments