Il y a quelques années, j’ai eu la chance de passer quelques jours à Rome au sein d’un groupe de pèlerins. L’itinéraire du voyage était fabuleux. Sur place, nous avons été pris en charge par une guide francophone d’une compétence et d’une gentillesse hors du commun. Elle nous a donné un véritable cours d’histoire et nous a permis de visiter ces lieux en profondeur, en nous racontant pour chaque endroit les enjeux et les personnages historiques qui se cachaient derrière. Au retour, je me disais que sans cette guide, je serais passé à côté de quelque chose d’essentiel. J’aurais eu beau regarder, je n’aurais rien vu ou si peu. Et je me suis dit du même coup que cette cécité était peut-être au fond notre condition de base à tous. Que comprend-on vraiment de la réalité qui nous entoure? Que savons-nous vraiment de la vie des gens que l’on côtoie tous les jours?
D’où, sans doute, ces jugements si sévères sur le comportement des uns et des autres et cette indifférence pour toute la souffrance des peuples qui vivent loin des caméras. D’où tous ces efforts aussi pour camoufler nos propres faiblesses et ne présenter de nous-mêmes que ce qui ne nous met pas vraiment dans l’embarras. Cette tendance est d’ailleurs exacerbée de nos jours par le phénomène des réseaux sociaux et par le rythme effréné de nos vies surchargées. Tant de poudre aux yeux!
Jésus semble voir bien des choses qui nous échappent. Dans l’évangile de ce dimanche, il guérit la cécité d’un homme qui a cru en lui. Mais ici, le plus grand miracle n’est peut-être pas tant que les yeux de cet homme puissent voir de nouveau les formes et les couleurs des objets qui l’entourent. Le plus grand miracle est que Jésus donne à cet homme son propre regard sur la création. Un regard qui peut désormais contempler et louer et surtout accéder à tout l’amour que Dieu a pour les personnes que nous sommes vraiment. N’est-ce pas merveilleux que Dieu ait créé le jour et aussi la nuit? Ainsi, chaque matin, nous pouvons être cet aveugle à qui le Seigneur ouvre les yeux pour voir les autres et le monde comme lui les regarde. Mc 10, 46b-52
Comments