Notre raison est un cadeau du ciel qui nous permet d’entrer en contact avec la réalité telle qu’elle est et d’en tirer ce dont nous avons besoin pour nous épanouir individuellement et collectivement. L’être humain a pu résoudre, grâce à sa raison, des problèmes d’une complexité inouïe qui lui ont permis d’évoluer comme bien peu d’espèces sur cette terre. Mais, nous devons aussi admettre que cette faculté extraordinaire connaît de temps à autre quelques ratés. Il suffit de voir comment nous peinons actuellement à nous sortir de cette pandémie et de prendre acte des effets catastrophiques de notre comportement sur la nature pour le réaliser un peu mieux. Nos pensées ne sont donc pas infaillibles et une grande part du réel et des enjeux importants nous échappe. En d’autres termes, nous ne sommes pas dieu. Pas encore.
Ce n’est pas un si grand drame si nous avons la grâce de nous en rendre compte. Nous nous méfions alors un peu plus de nous-mêmes, particulièrement de notre jugement spontané sur les gens et sur les événements. Ça nous donne le réflexe de consulter un peu plus large avant de se faire une idée définitive sur ce qui se passe. Ça nous permet aussi de suspendre un peu plus longtemps notre jugement quand les médias nous « résument » ce qui se passe en campant d’emblée les acteurs dans deux camps opposés : les bons et les méchants, les victimes et les agresseurs. Mais quand on se prend pour Dieu, quand on pense détenir à soi seul toute la vérité sur tout, il arrive qu’avec les meilleures intentions du monde, nous fassions plus de mal que de bien.
Distinguer ce qui est juste de ce qui ne l’est pas n’est pas si simple. Jésus nous présente le Royaume qu’il est venu établir avec une parabole qui nous choque au premier regard par son apparente injustice. Un employeur ne semble pas tenir compte des heures de travail effectuées par ses employés et il les rémunère tous avec le même salaire. Mais de quel salaire s’agit-il justement? Dieu veut conduire toute l’humanité à un bonheur sans fin, voilà le salaire qui est convenu pour tous ceux et toutes celles qui s’engagent à sa vigne. La seule condition pour obtenir ce salaire est de s’engager, c’est-à-dire de désirer plus que tout ce bonheur éternel. Il n’y a pas de demi-royaume pour ceux et celles qui s’engagent tardivement. Ce n’est pas d’abord une question de mérite, mais de disposition sincère à construire avec Lui, dès maintenant, son Royaume. Avec le Christ, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Voilà une vraie bonne nouvelle!
Mt 20, 1-16
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