Ça peut nous faire du bien de voir Jésus fâché. Ça nous déculpabilise un peu de nos propres montées de lait, un peu plus fréquentes d’ailleurs depuis quelques mois. Mais, se fabriquer un fouet, renverser des comptoirs, n’est-ce pas un peu limite pour le celui qu’on a longtemps caricaturé comme l’agneau doux et sans violence? Jésus qui « pète sa coche », comme on dit par chez nous, l’heure doit être grave. D’autant plus qu’il aurait eu bien d’autres occasions de disjoncter : le mépris des soldats romains à la passion, par exemple. Un de ses motifs, cette fois-ci, serait qu’on ait transformé une « maison de prière » en une « maison de trafic ».
Pourquoi donc Jésus s'irrite-t-il à ce point? Est-ce si grave que l’on marchande un peu avec Dieu, que l’on exige de Lui un retour pour nos prières, nos cultes et nos sacrifices? En temps de Carême, la question est d’autant pertinente. La tentation est forte d’adopter cette posture : je donne à Dieu prière, jeûne et aumône et, en retour, j’attends qu’il règle quelques-uns de mes problèmes, sans quoi… je pourrai douter de Lui en toute légitimité. Je vous laisse à méditer cet extrait d’une homélie d’un prêtre Lyonnais sur l’évangile de ce troisième dimanche du Carême.
« Jésus ne veut pas qu’on défigure à ce point le visage de Dieu. Il veut que la maison de son Père s’ouvre à la prière confiante de ses fils, sinon, ce serait une prière de païens. " Ne priez pas comme les païens qui s’imaginent que c’est à force de paroles… Votre Père sait ce dont vous avez besoin. "
– On ne prie pas pour que Dieu sache mais parce qu‘il sait ce dont nous avons besoin. – On ne prie pas pour que Dieu agisse, mais parce qu‘on sait qu’il agit pour le meilleur.
– On ne prie pas pour être aimé de Dieu, mais parce qu‘on est aimé de lui. – On ne prie pas pour que Dieu soit avec nous dans les bons ou les mauvais jours, mais
parce qu‘il est toujours avec nous.
Ce n’est pas l’homme qui agit sur Dieu, c’est Dieu qui voudrait bien agir sur le coeur de l’homme. Retenez cette comparaison, cette analogie pour illustrer ce que je vous dis là. C’est le printemps, ce matin, vous avez ouvert les volets de votre maison ou de votre appartement… Ce n’est pas vous qui avez fait lever le soleil, vous avez permis au soleil d’entrer dans la maison, de l’illuminer. Eh bien ! quand vous priez, c’est pareil. Ce n’est pas vous qui rappelez à Dieu qu’il doit vous éclairer, mais vous lui permettez de vous éclairer. Prier, c’est ouvrir tout grand portes et fenêtres de notre coeur pour accueillir sa lumière. La prière n’est pas un trafic avec Dieu, elle est un accueil de l’amour gratuit de Dieu. »
Jean Corbineau, Paroisse de Notre-Dame du Point du Jour, Lyon
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