Curieuse affaire rapportée par les évangiles que cette entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem suivie, quelques jours après, de sa condamnation à mort. Un contraste qui traduit peut-être nos propres contradictions, un mélange de bons sentiments éphémères et de déception. D’un côté, on voudrait être du côté du Christ, du bord de celui qui attire les foules, qui a des paroles percutantes, qui réalise des exploits hors du commun, qui guérit les malades et va même jusqu’à ressusciter les morts. De l’autre, on hésite à le suivre sur le chemin du calvaire quand on l’accuse et l’incrimine, quand être de son côté signifie risquer sa propre réputation.
Ces passages si forts de l’évangile dénoncent au fond notre tiédeur et nous nous reconnaissons à peu près tous dans l’apôtre Pierre qui se défile à la première occasion qu’il a de défendre Jésus à qui il vient de jurer fidélité. Notre foi est parfois bien pauvre. Il y a un prix à payer pour affirmer notre allégeance à Jésus-Christ et force est d’admettre que nous ne sommes pas toujours prêts à le payer. De nos jours, de tels manques de loyauté peuvent nous sembler impardonnables. Mais voilà : dans le cœur du Christ sur la croix, ne coule que le sang de la miséricorde. Dans ce geste d’abandon total de lui-même, que nul ne peut comprendre, Jésus prend sur lui toutes nos fautes, tout le mal que nous nous faisons les uns les autres, tout le bien que nous refusons de faire, tous nos égoïsmes, toutes nos violences et se laisse condamner à notre place par amour pour nous.
La réponse que Jésus offre au mal et à la mort est stupéfiante : l’amour, rien que l’amour. "Père, pardonne-leur..." Et c’est cet amour qui va triompher de la mort au matin de Pâques et à la fin de chacune de nos propres vies. Aimer c’est parfois aussi souffrir ou à tout le moins être là quand l’autre souffre. C’est cet amour qui aura donc le dernier mot, un amour qui sème déjà l’espérance et la lumière dans notre monde tant blessé. Que ces jours saints qui nous amènent aux pieds de la croix nous conduisent aussi à la joie de sa résurrection! Lc 23, 1-49
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