Après deux mois bien sonnés de jeûne eucharistique, on pourrait se demander si le fait d’aller à la messe changeait vraiment quelque chose dans la vie des chrétiens. Il peut même nous sembler que bien des personnes soient visiblement plus serviables et généreuses depuis le confinement qu’au temps où les églises étaient ouvertes. D’autre part, il y a belle lurette que des bons vivants affirment croire sans pratiquer. D’autres pratiquent sûrement sans croire...
Si l’on résume la foi à la fréquentation des messes, on a sans doute raison de parler d’une désertion radicale du catholicisme au Québec, mais aussi en occident. La messe ne serait-elle alors qu’une couche de vernis sur la foi discrète des baptisés? Ou pire, serait-elle réservée à une élite plus zélée que le commun des croyants? Quelle est donc la réelle valeur ajoutée de nos rassemblements dominicaux? Et ceux et celles qui persistaient à fréquenter ces lieux, qu’allaient-ils y chercher au juste? De belles paroles? La fuite d’un quotidien épuisant? La sagesse?
Chose certaine, nous avons là une belle occasion de questionner notre foi et notre pratique. Mais plus encore notre rapport à Dieu et à nos frères et sœurs dans la foi. L’exode observé dans la fréquentation des églises prend peut-être plus appui sur une certaine déconstruction du tissu communautaire que sur une véritable rupture de la relation à Dieu. La foi chrétienne est une foi incarnée, dans un corps qui est Jésus-Christ mais qui est aussi l’église, c’est-à-dire la communauté. On a beaucoup réduit la foi à quelque chose de personnel, d’individuel. Ce qui nous distancie le plus n’est peut-être pas le virus auquel on pense mais celui de l’individualisme qui fait trop souvent de nos rassemblements des juxtapositions de croyants plutôt qu’une véritable communauté animée d’un même esprit.
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