Contrairement à la plupart des enfants de mon âge, j’aimais l’école. À tel point que je trouvais que les deux mois de vacances d’été étaient les plus longs de l’année et ce n’était pas parce qu’ils comptaient chacun 31 jours. Faut dire qu’à la maison, mes parents de plus de quarante ans mes aînés, peinaient à animer ma petite vie avec le peu de moyens dont ils disposaient. À l’école, c’était tout le contraire : toujours quelque chose à faire, du nouveau à apprendre tous les jours, des amis pour faire du sport aux récrés. J’ai tellement aimé l’école que j’y suis resté plus d'une cinquantaine d’années, y ayant consacré les trente-cinq dernières comme enseignant puis comme directeur. Au fond, je me rends compte que j’ai voulu transmettre toute ma vie une bonne partie du bonheur et de la joie que j’y avais trouvé enfant.
Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus envoie ses disciples en mission. Mais le début du récit de Matthieu met en évidence la compassion de Jésus pour une foule qui le suit, désemparée, ayant perdu ses repères. C’est vers eux qu’il les envoie. J’aime croire que les douze ont goûté en premier cette compassion pour eux-mêmes de la part de Jésus. Il le confirme quand il leur dit : « vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». Ils vont transmettre ce qu’ils ont d’abord reçu : une bonne nouvelle pour leur propre vie, non pas une théorie ou de belles paroles bien tournées, mais une expérience qui les a profondément transformés.
Ainsi nait l’Église. L’Église est d’abord un peuple que Dieu a aimé, a élu, pour transmettre au monde cette expérience très forte d’être aimé gratuitement. Si nous sommes si timides à annoncer cette bonne nouvelle au monde dans lequel nous vivons, c’est peut-être que nous ne nous rappelons plus vraiment de ce moment où Dieu nous a séduit et nous a aimé quand nous avions le sentiment que nous ne valions plus grand-chose. Jésus nous envoie sans cesse encore aujourd’hui, mais peut-on transmettre autre chose que ce que l’on a vraiment reçu? Mt 9, 36 – 10, 8
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