Accueillir des amis sur son patio n'aura jamais été aussi excitant que depuis quelques jours. Se voir face à face, même en se retenant de se serrer la main ou de se faire une accolade, nous semble tellement plus réel que nos Facetime et nos Zoom des dernières semaines. La nourriture que l'on partage, malgré tous les soins qu'il faut y mettre pour respecter les consignes en la servant, est tellement meilleure. Et puis, Dieu sait à quel point on a eu le temps de peaufiner nos recettes infaillibles pendant ce confinement...
Bientôt, on va ouvrir les portes de nos églises et nous permettre de participer à une eucharistie, à des funérailles, à un baptême qu'on a reporté en espérant que le bébé ne soit pas trop lourd à porter pour la marraine. Je crois qu'on va se sentir un peu comme sur le patio, le vendredi soir, avec nos meilleurs amis. Il va y avoir mille et une contraintes, des faux pas et des "faut pas... marcher ici", une petite peur au ventre pour certains que la "bibitte" nous saute dessus, mais proclamer le Credo et le Notre-Père avec nos frères et soeurs, communier au corps du Christ après tout ce temps de jeûne eucharistique, va sans doute rendre ces inconvénients bien secondaires. Comme ces chenilles qu'on endure pour voir un jour les papillons.
Il y a toute une équipe qui se démène déjà pour rendre ce moment le plus significatif possible. De nombreux bénévoles sont déjà à pied d'oeuvre pour prévoir tous les détails et toutes les conditions qui permettront cette rencontre que nous attendons tant. Vous savez quoi? S'y mettre déjà nous aide à patienter les quelques jours qui nous en séparent. En fait, le temps vient de prendre une nouvelle dimension. C'est un peu comme les derniers jours d'une grossesse, si je peux me permettre la comparaison, on dort moins bien mais l'anticipation de voir le visage de cet enfant nous donne une énergie qu'on ne croyait pas avoir.
Il paraît que certains des premiers disciples croyaient vraiment que la fin des temps allait venir de leur vivant. Ils vivaient même dans cette espérance d'une résurrection immédiate et dans l'urgence de transmettre cette Bonne nouvelle au plus grand nombre. Quand je vais prier sur la tombe de mes parents, quand je passe par mon ancien village où ils sont inhumés, je me surprends parfois à leur redire à quel point j'ai hâte de les revoir et je les supplie de m'attirer là où ils sont. Entre la hâte et l'espérance, il n'y a peut-être pas un si grand écart au fond.
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