Comment une guerre peut-elle finir? Comment un conflit, si petit soit-il, entre deux personnes peut-il prendre fin? Quelle est notre propre expérience sur cette question? Il y a deux issues qui me semblent se pointer d’emblée. L’une d’elle est la domination d’un des deux opposants sur l’autre. La fin du conflit ne risque-t-elle pas, dans ce cas, d’être éphémère. « Mon père est plus fort que le tien! » Peut-être, mais jusqu’à ce que la vie l’emporte… et que le mien se venge de ce qu’il aura dû subir. Cette issue nous enferme dans un cercle de violence et de vengeance qui n’a pas vraiment de fin. C’est la logique qui incite à préparer la guerre pour avoir la paix. C’est le règne de la force. Mais qui vainc par l’épée risque de périr par l’épée.
L’autre issue est plus complexe et exclut a priori toute violence comme moyen, sachant que ce qui sera obtenu ou concédé de force demeurera toujours précaire à préserver. C’est la voie que le Christ semble avoir privilégiée. Dans l’évangile de ce dimanche, le Christ est présenté comme un roi qui refuse de déployer la force pour vaincre celui qui le menace. Pilate, un acteur important de l’empire romain qui a conquis tant de territoires par la force, ne peut pas s’imaginer un roi dont la royauté ne tiendrait pas dans une puissante armée. Mais la royauté du Christ est un pouvoir beaucoup plus grand qui peut venir à bout de toutes les violences et qui éteint dans sa chair ce qu’aucun pouvoir ne peut éteindre.
Nous prions pour que le règne de Dieu vienne chaque fois que nous disons le Notre Père. De quel règne s’agit-il? La foi ne s’impose pas. On ne convertit personne de force. Le Royaume de Dieu a pour roi Celui qui n’a pas opposé sa force à ceux qui l’ont persécuté mais qui a offert son pardon. Devenir sujet de ce roi, c’est croire que le plus grand des pouvoirs est de répondre au mal par l’amour. Jn 18, 33b-37
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