top of page

Les plaies vives

Chaque fois qu’il m’arrive de passer un séjour dans un monastère, je me demande pourquoi je n’y suis pas venu plus tôt ou plus fréquemment. Ces lieux sont en rupture totale avec le rythme du reste de ma vie qui est une course folle pour je ne sais pas toujours trop quelle raison. En entrant dans ces lieux, on est immédiatement apaisé, ralenti. Les moines et les moniales ont un rythme de vie qui semble respecter beaucoup plus profondément ce que nous sommes. Ils et elles consacrent pourtant plusieurs heures quotidiennes au travail. Mais ce travail est régulièrement interrompu pour prier, pour célébrer, pour manger ensemble. Au bout de quelques jours dans l’un ou l’autre de ces monastères, loin des téléviseurs et des appareils qui sonnent sans arrêt, le silence nous a permis de reprendre contact avec notre âme.


Quand je relis le passage des Actes des apôtres dans lequel Luc nous décrit la vie toute simple des premières communautés chrétiennes, je me dis qu’il n’est peut-être pas nécessaire d’avoir choisi la vie consacrée et recluse pour goûter chaque jour à la paix intérieure si indispensable à notre épanouissement. L’Église traverse des temps difficiles. Plusieurs ont de la difficulté à se reconnaître dans la complexité de ses structures. Pourtant tout a commencé dans la simplicité, dans une fraternité véritable, dans le partage spontané, dans l’attachement à la prière et à l’eucharistie. Ces communautés donnaient des signes tangibles d’amour et d’unité qui révélaient le visage du Christ ressuscité.


La communauté n’est pas qu’une juxtaposition anonyme de ceux et celles qui ont une relation privée ou privilégiée avec Dieu. Il ne suffit pas de rassembler en un même lieu, si beau soit-il, des personnes qui assistent à une cérémonie religieuse pour faire communion. Comment aimer ceux et celles que nous ne connaissons pas? Comment communier à leurs angoisses, à leurs souffrances? Comment répondre à leurs besoins s’ils demeurent anonymes? Le corps du Christ ressuscité porte encore aujourd’hui la marque de ses plaies, mais voulons-nous vraiment y toucher? Jn 20, 19-31


Comments


bottom of page