Les funérailles sont des moments très particuliers qui ne laissent personne indifférent. Ni les fausses notes d’un chantre trop ému, ni même le moment où le prêtre débaptise le défunt dans son homélie ne parviennent à nous distraire de ce sentiment de gravité qui nous envahit. La vie est sérieuse et la séparation d’un être qu’on a côtoyé, qu’on a aimé, nous projette notre propre finitude en plein visage. On a beau avoir fait la messe buissonnière pendant des années, quand on entre dans une église pour un telle occasion, on reconnecte immédiatement avec son âme. C’est là, l’éloge funèbre aidant parfois, que nous réalisons la pleine valeur de celui ou de celle qui nous quitte. C’est là que nous nous surprenons à lui pardonner tous ses tics et ses « jokes » maladroites. C’est là qu’on regrette de s’être tu quand on a eu envie de le féliciter de son vivant, de lui dire à quel point on tenait à lui, de lui manifester notre reconnaissance.
Tous les psychologues s’entendent pour dire que de ne pas pouvoir vivre un rite de départ lors du décès d’un proche rend le deuil insupportable. Les conditions de décès des personnes qui nous ont quittés pendant la pandémie sont venues nous confirmer cela douloureusement. Partir dans l’anonymat, c’est inhumain.
L’Église célèbre en ce dimanche l’Ascension, quelques jours avant la Pentecôte. L’Ascension de Jésus, c’est son grand départ. Une séparation qu’on peut imaginer douloureuse pour les apôtres qui commençaient à peine à se réjouir de sa résurrection et qui doivent revivre un deuil à nouveau. Mais celui-ci est fort différent du premier deuil vécu au calvaire. Cette absence porte en elle une présence qui ne se réduit pas cette fois-ci à de beaux souvenirs comme un diaporama de belles photos qu’on se repasserait dans sa tête pour se consoler. Ce Jésus qui était auprès d’eux est désormais en eux. Son Esprit leur donne une force qu’ils ne soupçonnaient pas, une capacité d’aimer et de donner leur vie qui les pousse à témoigner justement de cette nouvelle présence qui les habite.
L’Ascension est peut-être donc la fête de la présence. La mission de Jésus ne se termine pas avec son départ auprès du Père. Elle se poursuit dans son corps qui est l’Église encore aujourd’hui. "Et moi, je suis avec vous, tous les jours, jusqu'à la fin du monde." C’est cette Église qui le rend présent dans le monde, qui guérit en son nom, console en son nom, qui pardonne en son nom et répand l’amour dans le monde. C’est la mission qu’Il nous confie spécialement aujourd’hui : nous faire présents, en particulier, auprès de ceux et de celles qui souffrent le plus pour que son règne vienne sur la terre comme au ciel. Mc 16, 15-20
toujour reconfortant ces textes.