Promenade avec le Christ en ce temps de pandémie

Pour briser l’isolement, pour changer l’air de nos poumons ou pour ne pas ankyloser, on va ces jours-ci arpenter les rues de son quartier. Et quand on a la chance d’habiter à plusieurs sous un même toit, on emmène aussi parfois quelqu’un avec soi et on en profite pour refaire le monde. Il peut arriver, qu’au fil de ces promenades improvisées, nous fassions des découvertes étonnantes sur la vraie nature des personnes que nous côtoyons pourtant depuis longtemps. Le récit des disciples d’Emmaüs en est un bel exemple (Lc 24, 13-35).

Ce récit est un véritable scénario de film. Deux amis retournent chez eux après des événements tragiques qui se sont produits. Un troisième individu s’immisce dans la conversation. Il semble sortir de nulle part et ne rien comprendre au drame qui vient de se produire. Les deux amis s’empressent de l’instruire. Mais voilà qu’à son tour, celui-ci donne son interprétation des faits. Ce qui vient de se produire n’a rien de surprenant. Des prophètes l’avaient annoncé. Et l’histoire ne se termine pas avec ce drame. Elle a un tout autre dénouement. Un dénouement qui est lui aussi annoncé par les prophètes.

Les deux hommes s’interrogent. Leur raison était obscurcie par la douleur et par la peur. Une petite flamme d’espérance est semée. Et si la mort n’avait pas le dernier mot? Si l’amour avait raison de la haine et de la violence? Cette petite semence leur réchauffe déjà le cœur. La compagnie de cet intrus fait du bien. Aussi bien l’inviter à rentrer et à manger et profiter encore un peu de cette paix en ces temps si tragiques.

Et voilà qu’après tout ce temps, le pain est rompu à nouveau et l’intrus se dévoile, les yeux des deux hommes s’ouvrent et tout s’éclaire. La douleur fait place à l’apaisement. Il faudra sans doute faire un bon bout de route avant de rentrer pour prendre ce repas. Mais déjà, Celui qui s’offre en nourriture marche sans doute déjà à nos côtés, c’est pourquoi nos cœurs sont si brûlants en nous pour peu qu’on le laisse nous parler des Écritures.

Souper à Emmaüs par le Caravage, 1601