Comme patron, j’ai eu à embaucher du personnel une bonne partie de ma vie et donc à faire passer des entrevues à un grand nombre de candidats pour différents postes. Je me suis souvent demandé qui aidait ces candidats à se préparer aux entrevues. La plupart du temps, en écoutant les personnes se présenter, j’avais l’impression qu’elles n’avaient droit à aucune faiblesse, qu’elles devaient tout savoir et n’avoir besoin de personne pour trouver toutes les solutions. Il m’est arrivé de regrouper ces candidats au sein d’équipes pour résoudre un problème simulé et observer leur comportement. Dans un tel contexte, certains candidats se démarquaient rapidement par leur ouverture aux avis des autres, par leur souci de collaborer et d’apprendre, par l’humilité avec laquelle ils contribuaient à la solution. D’autres, au contraire, n’écoutaient personne, haussaient le ton constamment et prétendaient avoir déjà la solution avant même d’avoir analysé le problème et, par-dessus tout, méprisaient presque toutes les idées qui ne venaient pas d’eux-mêmes.
En lisant l’évangile de ce dimanche, j’avais l’impression que Jésus se retrouve dans un contexte semblable. Nous avons tous bien saisi ce contraste entre ces deux hommes montés au temple pour prier: un publicain et un pharisien. Ces deux hommes ont une posture radicalement différente face à Dieu. Le problème du pharisien n’est pas tant qu’il accomplisse de bonnes choses, mais qu’il s’en attribue tout le mérite et qu’il semble complètement ignorer ses propres faiblesses tout en méprisant celles des autres. Cet homme se justifie lui-même alors que Dieu seul peut justifier. Le publicain a un regard « juste » sur lui-même et admet d'emblée qu’il a besoin que Dieu le justifie. Le salut et la grâce lui sont accessibles à cause précisément de cette ouverture.
La plus grande difficulté avec Dieu n’est jamais de son côté. Quand nous croyons n’avoir besoin de personne, que nous nous imaginons capables de tout réussir par nous-mêmes, Dieu s’éloigne nous laissant toute la place. Quand nous avons nos faiblesses dans nos mains et le supplions de nous soutenir, il vient naturellement prendre la place que nous lui faisons. Lc 18, 9-14