On oppose peut-être à tort la vertu d’humilité et l’ambition. La foi ne nous enferme pas dans les aspirations les plus basses et encore moins dans des complexes paralysants chargés d’un certain fatalisme. Au contraire, la foi chrétienne nous pousse à regarder très haut, vers le ciel en fait, et à marcher d’un pas assuré sur les traces de Jésus-Christ. Au baptême, nous avons reçu la promesse de régner avec lui et donc de siéger auprès de lui. Mais sommes-nous vraiment disposés à emprunter la même route que lui pour y parvenir? Ici est peut-être la vraie mesure de notre foi.
Et quelle est cette route? Celle du service, de l’amour véritable, de l’amour concret. Donner sa vie, s’ouvrir aux besoins des autres, ne pas se laisser arrêter dans cet élan par l’apparence, par la différence, par l’ingratitude, par l’incapacité que peut avoir l’autre de demander de l’aide. Servir. Prendre soin de l’autre comme s’il s’agissait du Christ lui-même, sans le juger, sans s’imaginer supérieur à lui, voilà un plan très ambitieux… qui exige beaucoup d’humilité.
Dans l’Évangile de ce dimanche, le Seigneur recadre les intentions de certains de ses disciples. Il ne leur reproche pas d’avoir des ambitions élevées qui peuvent nous sembler peu honorables et chargées d’orgueil. Mais il leur dit que dans « son Royaume », ce qui compte vraiment, ce qui donne de la valeur aux personnes, ce n’est pas le siège qu’ils occupent mais l’amour qu’ils déploient au service des autres et des plus petits en particulier. S’engager à sa suite, dans l’Église, ce n’est donc pas s’accaparer d’un poste ou d’un territoire sacré, c’est d'abord répondre à un appel de Jésus-Christ à servir ses frères et ses sœurs tantôt dans la liturgie, tantôt dans les soins aux autres et trouver sa récompense dans la joie même de voir l’autre découvrir ainsi à quel point Dieu peut l'aimer. Mc 10, 35-45
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