Les séparations sont la plupart du temps empreintes d’émotions. Qu’il s’agisse d’un premier enfant qui quitte la maison familiale, d’un parent qu’on enterre ou d’un ami qui part travailler à l’étranger tous ces moments nous contraignent à continuer notre parcours sans l’autre. Et c’est trop souvent l’occasion pour nous de réaliser tardivement à quel point l’autre nous faisait du bien, à quel point sa présence changeait la couleur de nos journées. Dans cet instant du départ, notre tête comprend bien qu’il faut laisser l’autre s’en aller sur le chemin qui lui appartient mais notre cœur voudrait le retenir pour continuer de vivre avec lui ou avec elle d’autres bons moments.
Avec les moyens de communication dont nous disposons aujourd’hui, on pourra se parler et même se voir malgré la distance quasi aussi souvent qu’on le souhaite, mais cette forme de contact ne goûtera jamais comme la présence réelle de l’autre. C’est comme si nous étions faits pour que toutes nos relations ne s’arrêtent jamais. Et lorsque la mort vient nous enlever celui ou celle qu’on aime, la douleur est si vive que c’est comme si on nous arrachait un morceau de nous-mêmes.
L’Église célèbre ce dimanche, l’Ascension du Christ, en fait une grande séparation. Elle la célèbre non pas comme un moment triste, mais comme une victoire éclatante sur la séparation ultime qu’est la mort. Le Christ ressuscité, qui s’est manifesté à plusieurs reprise à ses proches, les quitte pour une deuxième fois. Mais pas vraiment comme la première. Cette fois-ci, les apôtres savent que cette séparation n’est que temporaire, qu’elle n’est pas définitive. Cette fois-ci, ils savent que la mort n'aura plus jamais le dernier mot. Et que Celui qui leur est enlevé les mènera tous là où il va, auprès du Père. À la naissance d’un enfant, lorsque la tête est passée, le reste du corps suit sans trop de peine. Ne formons-nous pas le corps d’un Christ déjà au ciel, qui a déjà franchi ce passage de la mort à la vie, là où il promet de nous rassembler pour toujours?
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