Mon père était un homme sévère et qui parlait peu comme bien des hommes de son temps. C’est ma mère qui nous passait les messages sauf quand ça devenait plus grave. J’ai pourtant l’impression qu’il m’a enseigné plein de choses et pas les moins importantes. C’est dans l’action, dans le travail, qu’il s’exprimait le mieux. En vieillissant, j’ai pu avoir accès à sa grande sensibilité. Derrière ses sautes d'humeur, se cachait une soif de justice peu commune. C’est ce sens aigu de la justice qui était le moteur de tout travail qu’il entreprenait avec un souci qui nous semblait parfait exagéré de bien faire les choses.
À l’adolescence, j’avoue que ses obsessions m’ont souvent irrité et que je me pensais alors tellement plus nuancé que lui. Devenant père à mon tour, j’ai réalisé assez vite que mes propres impatiences n’avaient rien à envier aux siennes. Tel père, tel fils. Avec le temps, je me rends bien compte que l’héritage qu’il m’a laissé est un socle solide de valeurs sur lesquelles je m’appuie chaque jour pour avancer dans la vie. Je regrette seulement d’avoir négligé de lui témoigner plus d’amour et de reconnaissance de son vivant.
En cette fête de la Sainte-Trinité, l’apôtre Paul nous rappelle que nous avons reçu l’Esprit qui fait de nous des fils d’un Père qui est l’amour en personne. Un Père qui parle peu, lui aussi, mais qui agit. Je me sens privilégié que la foi que mes parents m’ont transmise me révèle que Dieu soit une personne, qu’il soit mon Père, et pas juste une entité un peu abstraite et insensible. Quelle grâce que d’avoir été baptisé au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit! Mt 28, 16-20
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