Les mauvaises nouvelles se multiplient dans le monde et mettent notre espérance à dure épreuve. Tueries et guerres semblent le sort inévitable de tant d’êtres humains qu’on se demande bien souvent si notre espèce a vraiment évolué depuis ses origines. Il y a deux mille ans, la situation n’était pas si différente sinon que les nouvelles se répandaient moins rapidement et que les moyens de tuer étaient un peu moins sophistiqués. Et voilà qu'au cœur d’un tourbillon de violence, quand la vengeance se confond avec la justice, un homme, qui se prit pour Dieu, annonçait avec toute sa candeur que nous devions aimer Celui qui nous a créés en toute gratuité et les autres comme nous-mêmes. Après à peine trois années de ce discours, on le tua à son tour, croyant que son message mourrait sans doute avec lui.
Au fond de nous-mêmes, deux mille ans plus tard, il y a pourtant ce désir profond et incessant d’être aimé qui n’est pas mort. Peut-être que les paroles de ce prophète étaient plus sérieuses qu’on a bien voulu le croire. D’autres à sa suite l’ont fait leur. Certains même au prix de leur vie. Un poète plus pessimiste chantait : « Quand les hommes vivront d’amour… nous serons morts, mon frère. » Peut-être qu’il se doutait qu’aimer vraiment, inconditionnellement, sans compromis, sans compter, peut mener jusque-là. Il n’est pas si facile d’aimer. D’aimer l’autre qui t’ignore, l’autre qui bafoue tes droits, l’autre qui pense le contraire de ce qui t’importe tant, l’autre qui t’oublie, te trahit, te siphonne la vie. Cet autre, nous dit le Christ, c’est ton frère, c’est ta sœur.
Le Christ nous demanderait-il l’impossible? Sommes-nous tous et toutes appelés à aimer jusque-là? « Comme je vous ai aimés… » c’est-à-dire avec le même Esprit qui l’a fait triompher de la mort, avec toute la force que cela peut prendre pour ne pas répondre au mal par le mal. Pour y parvenir, laissons-le d'abord prendre toute la place dans nos cœurs blessés et nous serons les premiers étonnés de la force d'aimer qui en résulte. Mt 22, 34-40
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