La vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Et certaines personnes sont manifestement plus éprouvées que d’autres. Quand je prends des marches dans mon quartier, il m’arrive de me demander qui sont vraiment les personnes que je croise. La plupart regardent par terre ou au loin. Plusieurs semblent terriblement préoccupées et sont dans leur bulle. Ces visages parlent même quand ils se taisent. Quand j’étais jeune et que je vivais dans un petit village de campagne, c’eut été impensable que deux personnes se croisent sans se dire bonjour. En ville, c’est autre chose. En fait, il y a Clément qui m’aborde chaque fois que je passe au coin de Cartier et de Fraser. C’est un itinérant auprès de qui je m’arrête parfois et qui me raconte à peu près toujours les mêmes histoires et se plaint des injustices qu’il a subies.
Je sais bien que Clément ne m’aborde pas toujours sans intérêt. Mais je ne peux m’empêcher de trouver dans les yeux gris clair de cet homme le regard de Jésus-Christ. Je me demande bien quel était le regard du Christ durant son passage sur notre terre. Comment Dieu lui-même peut-il bien nous regarder? Dans des temps plus sombres, on s’est imaginé qu’il nous observait avec sévérité et colère. Mais ne devrait-on pas plutôt se fier au regard que Jésus a porté sur ceux et celles qu’il a côtoyés pour accéder au cœur de Dieu?
L’évangile de ce deuxième dimanche du Carême nous relate un événement au cours duquel quelques apôtres ont vu le visage de Jésus d’une manière toute spéciale. Je ne sais pas trop ce qu’ils ont pu observer réellement. Mais ils voulaient que cet instant ne s’arrête jamais. Peut-être ont-ils eu un accès privilégié au cœur rempli d’amour et de miséricorde que Dieu est venu nous révéler dans le visage de son fils? Et si nous sommes un peu attentifs aux visages que nous croisons, peut-être y aurons-nous accès nous aussi. Lc 9, 28b-36

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